Comme au bon vieux temps...

Caliban soupira. Il était d'humeur nostalgique aujourd'hui. Il repensait au royaume d'Emeraude où il avait grandi avec ses compagnons d'armes, apprenant les arts de la magie et du combat, ils s'amusaient bien tous ensemble... Et puis la guerre avait éclatée, Caliban avait été appelé pour défendre le royaume d'Elfe, son royaume.

Bien sûr, personne n'espérait reprendre le royaume mais il fallait tout de même le défendre... Ils perdirent, mais le pire pour le jeune homme, fut d'ignorer le sort que sa famille subit, sa soeur n'avait que dix-sept ans...ses parents... cette absence incomblée, l'Ordre qui n'avait pas creusé la question... cela le mettait en rogne, car même si les Chevaliers s'entraidaient, communiquaient et s'entendaient bien entre eux, aucun d'eux ne connaissaient réellement l'autre et ne pouvait donc pas le consoler lors de moments d'émotions fortes.

Aujourd'hui, Nihawel devait sans doute être aux cieux, sinon elle lui aurait fait signe. Il en était sûr. A moins que... Non ! Elle était morte un point c'est tout ! Elle ne l'aurait pas abandonné ! Il s'était liés comme n'importe quel frères et soeurs mais pour Caliban cela représentait plus qu'un simple amour fraternel, cel représentait la fille qu'il voulait protéger à tout prix, le fait que leur mère soit morte n'a fait que renforcer ce lien réciproque.

Enfin bon, ça ne servait à rien de ruminer le passé. Quelquefois, pour se consoler seul, il créait une illusion de sa famille et à chaque fois il la dissipait et versait quelques larmes. Mais ça, personne ne le savait... et personne ne le saurait jamais.
Mais Cal n'avait pas seulement perdu sa soeur, il avait aussi perdu deux de ses amis les plus chèrs. Tous deux s'étaient lancés à corps perdus dans la bataille et faisaient partis des premiers morts de cette boucherie. Laissant Colin, seul, orphelin...
Caliban leur avait de promis de veiller sur lui, car en dépit de leur grande différence d'âge, les deux chevaliers et lui-même avaient tissés une amitié durable. Le gamin, lui, ne savait rien de la promesse qui le liait à Caliban, et celui-ci ne comptait pas lui dire, juste veiller sur lui...

Le jeune homme était donc parti prendre du recul dans la forêt à côté d'une grange. Cela ne le dérangeait pas outre mesure, il espérait juste que personne ne l'occupait car il souhaitait rester seul un bon moment avant d'aller voir Murdoch pour s'informer des activités du jour. Il était sûr qu'il allait devoir s'entraîner au combat alors il voulait pratiquer la magie afin de se détendre.


Il s'amusa quelques instants à électrifier ses paumes au point de faire de la lumière et projeta l'électricité sur l'arbre le plus proche qui, a son grand soulagement, ne s'enflamma pas. C'est bien beau de savoir électrifier, mais c'est mieux si on contrôle aussi l'eau. Ça évite certains dommages collatéraux...

Mais qui est-ce ? La silhouette humaine que distinguait soudainement Caliban près de l'entrée de la grange tenant du foin ? Un petit garçon blondinet... Colin ! Quelle ironie d'être là soi-disant seul et de se retrouver avec le gamin qu'on est sensé protéger au péril de notre vie !

Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte du bâtiment, le grand homme brun ferma les yeux et se concentra de toute ses forces, faisant remonter à la surface les souvenirs qu'il conservait de la cour du royaume d'Émeraude. Un instant après, Caliban était sûr que l'intérieur de la grange en était l'exacte réplique, au détail près, cependant, le garçon n'ouvrait pas la porte et Caliban sentait déjà la fatigue l'assaillir. Il ne tiendrait pas plus d'une journée pour un tel paysage.
Aussi, il ne put s'empêcher de dire à Colin de pénétrer dans le grand bâtiment secrètement transformé.

- Qu'est-ce que tu attends ? Entre donc !

Alors, le grand chevalier attendit que l'enfant se décide enfin à ouvrir la porte...

Une journée de plus à Rubis et une journée de plus à espérer voir bientôt un magicien prendre en charge les élèves d’Enkidiev. En cette journée, le jeune colin qui n’était plus d’Emeraude mais, de Rubis,  était plutôt mélancolique et s’ennuyait à mourir. D’ordinaire,  Le jeune garçon n’était  pas un enfant turbulent  et s’efforçait de rester  de bonne humeur et il préférait aider les gens qui avait besoin d’aide mais, aujourd’hui, son esprit était ailleurs et il désespérait tellement de ne pas voir un magicien arrivé à Rubis, pour assurer l’enseignement, qu’il n’avait pas envie de travailler aujourd’hui. A dire vrai, Colin n’avait en cette journée envie de rien faire, il voulait rester seul et continuer d’espérer une chose qui ne semblait jamais arriver. Des cours étaient tout de même enseignés, plus ou moins régulièrement aux élèves et prodigués par des membres de l’ordre mais, cela semblait tellement différent de ce que l’ancien magicien prodiguait. Le monde avait changé et forcément, tout le monde devaient s’habituer aux changements mais, ce que Colin craignait le plus, c’était qu’il ne puisse pas devenir écuyer et ne puisse pas faire honneur à ses parents, en combattant au coté des chevaliers, pour la justice et le bien du peuple.

Un peu nostalgique de  l’avant guerre et en proie au doute de pouvoir accomplir sa destinée, le petit blondinet était partie errer dans le château et aux alentours. Un peu plus plutôt, il avait refusé poliment de jouer avec ses camarades et s’était livré à une promenade solitaire et qui n’aidait en rien son esprit torturé à s’apaiser. Au bout d’un moment, Colin s’était retrouvé à longer un petit ruisseau et avait fini par s’asseoir près de l’eau et cogitait de plus en plus. Le jeune élève n’avait plus de parents mais, grâce à l’ordre, il avait tout de même une famille et de bons amis. En plus de son meilleur ami, il y avait un homme en particulier, que Colin connaissait bien et considérait comme un oncle,  c’était un elfe, qui avait été l’un des meilleurs amis de ses parents et leur frère d’arme.  Le jeune garçon savait que le chevalier était toujours là quand il aurait besoin de lui et il savait généralement le rassurer sur ses craintes mais, aujourd’hui, le gamin ne voulait pas embêter son oncle avec ses soucis et préférait ruminer intérieurement. Colin allait repartir  vers le château, quand il entendait un petit gazouillement au-dessus  de lui, en haut d’un arbre, don l’une des branches dépassait au dessus du ruisseau.  Sur le bord de cette branche, un petit oisillon se déplaçait avec difficulté et en l’espace d’un millième de seconde, Colin le vit tomber de la branche.

 Le pauvre animal avait tout de même eut une petite chance dans son malheur car, il était tombé au bord de l’eau et le jeune garçon, qui n’avait pas pu le rattraper, s’était alors précipité sur lui, avant qu’il ne se noie, plein de bonne intentions. L’oisillon qui commençait à avoir du duvet, était par chance encore en vie mais, il semblait avoir une aile cassée et saignait légèrement et tendit que Colin le prenait dans ses mains, il ne cherchait même pas à s’enfuir. N’écoutant que son cœur, le jeune élève aux pouvoirs magiques, refermait ses mains sur l’animal et avec l’aide de ses pouvoirs de guérisons, il arrêtait le saignement de l’animal mais, à cet instant, Colin regrettait de ne pas être suffisamment  doué pour pouvoir réparer efficacement, l’aille cassée de son nouvel ami.

- Voila, bouge pas, tu dois pas avoir peur, je vais prendre soin de toi, tu vas voir.

Puis, Colin s’empressait alors d’aller au château pour trouver de quoi immobiliser l’aille de l’oisillon et de la mie de pain pour le nourrir et décidait ensuite de l’amener dans la grange près des bois, dans un coin tranquil, oú il ne serait pas dérangé. Une fois à l’intérieur, le jeune garçon déposait  l’animal dans un coin un peu à l’écart et  après lui avoir immobilisé l’aille avec du bandage et tenté de le nourrir un peu,  il décidait d’aller chercher un peu plus de pailles, pour lui faire un nid douillet.

Quand Colin revenait alors devant la grange, les bras chargé de paille et s’apprêtait à pousser la porte, il entendait non loin de là, la voix de Caliban, le chevalier qu’il considérait comme son oncle. Le gamin se retournait alors vers l’Elfe et le saluait, en lui offrant un sourire plein de sincérité.

-Ho ! Bonjour oncle Caliban ! Tu devrais venir voir, j’ai trouvé quelqu’un qui a besoin d ‘aide.

[i]Sans attendre de réponses particulières, Colin obéissait au chevalier et entrait dans la grange, puisque de toutes les façons, c’était là, qu’il avait prévu d’aller.

 -Que-ce  que ?!

 En rentrant dans la grange, le petit blondinet avait lâché la paille et restait un moment sans voix. Il ne se trouvait plus dans la grange mais, dans une cour, un endroit  qu’il reconnaissait et c’était la cour du château d’Emeraude.  A cet instant, Colin semblait avoir oublié les talents d’illusionniste de Caliban et il était alors en proie à une profonde nostalgie. A l’époque où  le magicien avait fait évacuer ses élèves, Colin était très jeune mais, il n’avait rien oublié de ce jour  ou l’homme s’était sacrifié pour ses élèves et le jeune garçon,  ne pouvait alors pas empêcher les larmes de couler sur ses joues. Tout semblaient réel et il en était même convaincu, il marchait alors dans la cour et finissait par tomber à genoux et se mit à pleureur, repensant à tout ce qui s’était passé à l’époque, au élèves qui n’avaient pas pu être téléporté, à la guerre et à ses parents, qui avaient perdu la vie.

 

Caliban sourit en entendant l'élève s'exclamer de surprise. Aussi, il décida d'enter dans le bâtiment afin de constater les effets de son paysage illusoire sur le jeune garçon. Il pénétra donc dans la vaste gran... cour du château d'Emeraude. Colin se tenait au milieu, à genoux, les joues ruisselantes de larmes. Dès qu'il le vit dans cet état, le jeune homme mit aussitôt fin à l'illusion. Il s'en voulait d'avoir fait pleurer ce garçon qu'il considérait comme son fils.

- Excuse-moi. C'est les souvenirs qui ressurgissent c'est ça ? La nostalgie qui te prend ?

Caliban connaissait bien ce sentiment. Il ressentait une identique nostalgie envers les forêts elfique, le royaume qu'il aurait dû hériter... Sa soeur, son père, sa tante qui avait pris soin d'eux comme une mère l'aurait fait. Le grand homme s'assit à côté du futur écuyer et le rassura en murmurant des paroles réconfortantes. Lui aussi se souvenait des élèves qui avait péri parce qu'ils n'avaient pas pu être téléportés. Il se souvint comment Minerva et Galan, les parents de Colin avait péri lors de la guerre. Il se rappela le sang qui avait souillé son armure, les armes s'entrechoquant brutalement. Ceux qui se battaient pour leur survie et les autres pour le continent. Les divers lâches et traîtres s'enfuyant du champ de bataille. Tout cela lui revint en mémoire et lui brisa le coeur une seconde fois.

- Je peux te montrer d'autres paysages si tu veux. Mon royaume natif, Elfe, si tu le souhaite.

Sans attendre la réponse du gamin, Caliban ferma les yeux et plongea dans la masse de ses souvenirs et reporta son attention sur les belles forêts elfiques peuplés d'animaux tout aussi fantastiques. Le jeune homme rouvrit les yeux et se retrouva brusquement aux côtés d'autres Elfes. Le château à quelques mètres des deux défenseurs d'Enkidiev.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il se vit lui-même avec sa soeur ! Il ne devait pas avoir plus de quatre ans, Nihawel avait donc trois ans. Reis était à côté d'elle avec leur père...
Les larmes roulèrent sur les joues du chevalier. Des larmes de joie et de bonheur à l'état pur. Cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vue !

- Tu peux voir le château là-bas. dit-il La fillette c'est ma soeur, le petit garçon c'est moi. La grande femme est ma tante et l'homme, mon père. Par là-bas la forêt s'étend très loin. Je n'y suis allé que rarement.

Colin ne répondait toujours pas, enfermé dans profond mutisme. De nostalgie ou d'admiration ? Caliban l'ignorait et ne le saurait probablement jamais.

- Veux-tu rentrer au château ?

HRP: