Petite leçon de maintient et de bienséance

Murdoch entraîna Furie dans la salle. Elle avait insister pour que la jeune fille prenne un long bain et avait sélectionner avec soin sa toilette. Aujourd'hui était une excellente journée pour une leçon importante qui allait servir l'Écuyère toute sa vie. Mais contrairement aux maniements des armes, ce ne serait pas une leçon qui s'apprendrait en se roulant dans la terre et la boue. Enfin... Furie connaissait sûrement assez Murdoch pour savoir que se salir n'était pas du tout son genre, mais ça n'avait pas d'importance. Après avoir accueillit Nihawel et avoir discuter quelque peu avec sa mère [Sujet d'un autre RP], Murdoch alla rejoindre Furie. Elle mit peu de temps à repérer la jeune fille dans la salle, habituée au foules et au protocole. D'un pas rapide, feutré et délicat, elle se dirigea vers l'adolescente qui lui faisait dos. La robe de Murdoch voletait derrière elle, soulignant chacun de ses pas et relevant sa démarche soigneusement étudiée. Murdoch de Zénor, Sous-Chef des Chevaliers d'Émeraude, était plus à l'aise dans les soirées que sur le champ de bataille. Les robes et les éventails étaient ses armes de prédilection. Murdoch se plaça derrière son Écuyère et toussa poliment afin d'attirer l'attention de Furie.

Ma chère, s'introduisit-elle, nous avons beaucoup à faire ce soir. J'espère que vous êbtes prête.

La jeune femme tourna autour de l'adolescente, l'examinant, la scrutant. Coiffure, maquillage, habillement, soulier, posture, tout était importante.

Nous allons à un entraînement extrêmement important aujourd'hui. C'est une occasion rêvée de vous instruire dans l'art délicat... de la diplomatie. Nous allons aller rencontrer les Rois et Reines des différents Royaumes. Les contacts que vous établirez aujourd'hui resteront pour toujours. Nous allons les rejoindre, je discuterais avec eux et vous vous présenterez ensuite. Je serais là pour vous aider. Pour l'instant... Marchez.

Murdoch effaça un petit sourire en coin. Elle laissa l'effet de surprise se dissiper et précisa d'avantage sa pensée.

Je veux vous voir marcher. Votre démarche est très importante. C'est la première chose que verront la haute société, leur premier critère de jugement. Vous devez marcher. Implacablement. Non pas comme ça ! Ne levez pas les genoux aussi haut. De plus petit pas. Le haut du corps ne doit pas bouger. Ne donnez pas de coup avec vos talons. Non attendez. Regardez-moi.

Murdoch marcha à nouveau autour de Furie, lui montrant le type de démarche qu'elle voulait la voir adopter. Elle adopta un style naïf et innocent.

Je sais que ces enseignements peuvent vous sembler ridicules et non-pertinents. Sachez cependant que je suis ici pour vous faire de vous un Chevalier. Et l'Ordre, seul, ne sera jamais vainqueur. Nous avons besoin de nos alliés, des armées des autres Royaumes, du support de leurs royautés, de leurs généraux, de leurs élites. Des questions ? Essayez à nouveau en même temps, vous devez apprendre à parler et marcher avec aisance. Allez. Oui c'est mieux. Gardez les épaules droites. Non pas trop droite, vous êtes trop raide. Allons. Encore !

Chevalier d'Enkidiev Date d'inscription : 12/12/2013

Furie ne put qu'acquiescer devant la demande insistante de son maitre. Oui, elle prendrait un long bain. De toute évidence, elle en prenait tous les jours déjà, mais cette soirée semblait d'une importance cruciale aux yeux du Chevalier et la Douce serait bien mal avisée de la décevoir. Elle se laissa donc dorloter par les masseurs de Rubis, habiles artisans du bien-être. Elle parfuma son bain de lavande, son essence préférée à la fois délicate et puissante, une puissance qu'elle espérait révérer un jour. La lune n'avait pas encore pris le flambeau et sentant sa peau devenir molle, l'adolescente termina avec regret cet agréable moment de détente. Déjà, deux servantes l'attendaient au pas de la porte. Une avait l'expérience marquée sur la peau, l'autre avait la fougue de sa jeunesse dans ses gestes précis. Papotant gaiement entre elles, elles prient un soin excessif à sécher et à huiler le corps raide de Furie. Elles firent assoir la jeune fille et s'attaquèrent à ses longues boucles noires. L'air embaumait et la délicatesse avec laquelle les deux stylistes massaient sa tête eut raison d'elle. Dans sa somnolence, sa tête retomba d'un coup sec avant de remonter promptement. Mais les deux femmes ne semblèrent pas prendre mouche. L'Écuyer fermait les yeux et plongea dans un demi-sommeil. Après ce qui lui sembla quelques minutes seulement, elle fut réveillée par les appels discrets d'une des gouvernantes. Là devant l'imposante psyché, l'image qui lui fut renvoyée fut celle d'une jeune fille élégante, avec une coiffure haute bordée de minuscules fleurs crème. Des mèches folles retombaient joliment et donnaient à son visage masculin des traits plus féminins. Sa peau si blanche avait été légèrement couverte d'un fard rose au niveau de ses joues. Ses yeux avaient été impensablement embellis par un trait noir sur ses paupières qui lui donnait un air candide. Ses lèvres, qu'elle détestait habituellement, avait été mouillées de rouge, effet qu'elle trouvait charmant. Même ses sourcils noirs et imposants ne pouvaient pas gâcher le tableau. Furie, jeune fille qui d'habitude avait l'air si dure avec ses traits rudes et son éternelle tresse, se trouvait ravissante l'espace d'un instant.

Mais le temps s'écoulait et il ne pouvait être gaspillé à admirer les efforts des servantes. On lui fit enfiler une robe verte, qui allait avec son œil le plus foncé et qui lui donnait un petit air elfique. Sans plus attendre, ne lui laissant même pas la grâce d'une bouchée de pain, on la poussa dans la salle, sous prétexte qu'elle ne devait être accusée d'aucun retard. Balancée au milieu de la noblesse, la Douce se sentait comme un chat dans une cage. Elle salua poliment du regard les gens qui la croisaient et attendit avec patience son Maitre. Déjà, elle étouffait dans la robe trop serrée que Murdoch avait choisie pour elle. Trop préoccupée par ses problèmes vestimentaires, elle ne sentit pas le Chevalier arrivé, elle d'habitude si attentive aux mouvements du sous-chef. Comme à son habitude, la femme aux cheveux blancs était raffinée et si belle. Furie ne put réprimer un sourire d'admiration. Elle répondit positivement à la question de son Maitre et se laissa observer sans broncher, même si elle trouvait l'activité un peu dégradante. La leçon d'aujourd'hui la laissa un peu perplexe. La diplomatie, elle connaissait. Elle avait autrefois guéri la récolte ou la terre chez de nombreux nobles Turquais et tant de facéties pour les apparences étaient difficiles à comprendre pour elle. Mais soit, si tel était le désir du Chevalier.

Elle commença à marcher, d'abord d'une façon bizarre. C'est comme quand vous pensez à respirer, ça vient moins naturellement. La Douce suivit les conseils de Murdoch et essaya de copier le pas au sien, mais l’exercice s'avéra très subtil et c'était beaucoup de prendre conscience de toute l'ampleur de ses propres gestes. Furie était une jeune fille douce et sans mesquinerie, mais son pas était maladroit et frivole, comme si ses pieds voulaient partir chacun de leur côté. « Jamais je ne trouverai vos enseignements ridicules Maitre. Je vous remercie de m'apprendre ces leçons qui serviront dans la quête de notre Ordre. » L'Écuyer était bien sincère. Mais elle n'aimait pas cet exercice. Il lui semblait bien plus dur et fastidieux que l’entrainement à l'arc, la discipline qu'elle maitrisait le moins. « Je vous admire d'avoir tant d'élégance Maitre. Je n'aurai jamais toute votre noblesse. »

La forêt était si loin...

Murdoch soupira. Pas méchamment ni même de manière condescendante. Juste de constater l'énormité de sa tâche. Certes, Furie avait côtoyer quelque peu la noblesse dans sa vie. Que ce soit avant alors que ses parents la trimbalaient d'endroit en endroit pour guérir la terre et ensuite à Émeraude puis à Argent. Mais ce qui était attendue d'une petite fille et même d'un Chevalier par rapport à ce qui était attendu d'une Dame était très différent.

Vous devez être à la fois rivière et barrage, fluide et gracieuse comme l'eau courante, retenue et disciplinée celle que l'on retient. Modulée et tout de même parfaitement à l'aise. Essayez encore.

Murdoch laissa la petite faire, la corrigeant d'un petit coup d'éventail dans le dos ou sur ses épaules afin qu'elle se redresse.

Oui. Comme ça c'est bien. Allons maintenant rencontrer les autres. C'était la partie facile.

Elle fit néanmoins une sourire encourageant à Furie. Elle ressentait son trouble, son besoin de se retrouver dans un terrain connu. Sa forêt lui manquait tout comme la vie de court au château manquerait toujours à Murdoch. Elle aurait due être Reine, Duchesse ou bien Magicienne. Pas soldat. Ce n'était pas elle. Mais elle avait du apprendre. Et Furie apprendrait aussi. Murdoch se plaça aux côtés Furie et l'entraîna à sa suite. Elle marchait d'un pas ample et calculé qui respirait le calme, la rigueur et la pleine possession de ses moyens.

Faisons semblant, voulez-vous. Admettons que je sois la Reine de Untel Royaume. Présentez-vous à moi ! Et ne regardez pas vos pieds de cette manière ma chère. Vous avez l'air incertaine et soumise. Est-ce le genre d'impression que vous voulez donner ?

Murdoch soupira à nouveau. Elle sortie son éventail et fit de grand mouvement gracieux afin de se rafraîchir.

Allons ne vous découragez pas. C'est une occasion unique de parfaire vos habiletés. Je serais également là. Je ne vais tout de même pas vous jeter dans la fausse aux lions et vous laissez vous débrouiller pour vous en sortir. Commençons notre petit jeu voulez-vous ? Je suis donc la Reine du Royaume Untel, comme je disais. Comment vous y presenteriez-vous pour vous présenter et faire bonne impression ? Tout d'abord, qu'elle genre d'impression voulez-vous faire ? Mais essayez avant de répondre. Nous verrons le reste par la suite.

Murdoch la fit s'arrêter afin de lui donner toute la latitude voulue afin de se prêter à son exercice. Elle ne voulait pas qu'elle se sente pressée par le groupe d'invités donc elles se rapprochaient à grands pas. Furie était, aux yeux de Murdoch, comme une petite créature délicate et craintive dont elle avait la charge. Si elle se débrouillait bien dans le domaine des armes, la Sous-Chef avait parfois du mal à savoir quel ton adopter avec elle. Elle ne voulait être trop dure ni trop sévère, de crainte de l'effrayer, mais voulait conserver son statut de Maître et de guide. Furie était comme un comédien de théâtre toujours en performance. Il était difficile de savoir ce qui se cachait sous son masque. Cette dernière partie ne dérangeait pas Murdoch. Furie se révélerait lorsque Furie serait prête. Elle avait juste du mal à trouver le ton approprié pour l'encourager.

» Petite séance d'entrainement improvisé [ PV: Murdoch ]